Voilà, c’est fini…
Eh bien nous y voilà… cela fait plus de six mois que je pense à ce jour.
Le pot de fin d’année…
Y aller ? Ne pas y aller ? est-ce que je vais tenir le choc ? Est-ce que j’en suis capable ? Est-ce que je vais pleurer ? Et je crois, un peu la trouille de me dire « et si j’avais fait une connerie » ?
Que dire ?
Dans mon cœur, je ne pars pas à la retraite. J’ai plus l’impression de démissionner que de partir à la retraite. D’ailleurs, je n’ai pas l’âge de partir à la retraite.
J’ai aimé ce métier. Infiniment, passionnément même. Je l’ai exercé exactement comme je voulais l’exercer. Je l’ai choisi à l’âge de 13 ans. À l’origine : une prof de français. Ce n’est pas très original. Ce qui l’était bcp plus, c’est qu’elle était PEGC Français / EPS. Quand on lui faisait lui remarquer que c’était somme toute assez étrange, elle répondait que ce « grand écart » lui permettait de « rencontrer » plus d’élèves. En fin de compte, je lui dois beaucoup. Et notamment cette idée que chaque élève mérite d’être rencontré. Alors, si, j’ai toujours respecté le programme (quoi qu’on ait pu dire). Seulement, j’ai évité les autoroutes pour leur préférer les chemins de traverse. Parce qu’il n’y a pas que des bolides dans nos classes, il y a aussi des voitures sans permis.
Et puis, pour quoi le cacher, il y a eu mon expérience de maman. Quand ma fille a dû être « retirée » du circuit scolaire pour intégrer un IME, la première remarque que l’on m’a faite, c’est que l’école l’avait en partie détruite. Mélina ne voyait que ce qu’elle ne pouvait pas faire, elle avait une image d’elle douloureuse. Je ne jette évidemment pas la pierre à ses maîtresses de l’époque, qui ont fait ce qu’elles pouvaient. Mais on peut comprendre que cela a été très douloureux pour la maman, mais aussi pour la prof. Je crois, je suis sûre même que c’est à partir de là que j’ai réfléchi vraiment à l’inclusion, (et je ne limite pas cela au handicap) en tant que notion. D’où, le Sport Adapté, l’atelier DYS et même le PSC1…
Alors je vais une fois encore parler de Michel Audiard, ceux qui me connaissent ici savent à quel point j’aime cette phrase : « Il faut aimer les gens fêlés car ils laissent passer la lumière ». Oui, l’inclusion est un enrichissement pour tous, pour les bolides et les voitures sans permis. Parce qu’il n’y a pas que le QI, il y a aussi le QE. Le collège est une micro société où les enfants doivent apprendre à se respecter. Et non, les enfants ne sont pas tous gentils, les ados non plus. Pourquoi le seraient ils, après tout…
Un jour, un parent m’a fait la remarque que je m’occupais trop des faibles et pas assez des meilleurs… sous entendu (même pas sous-entendu d’ailleurs car il l’a verbalisé) que les meilleurs (dont son fils, forcément) étaient ceux qui feraient l’avenir de notre beau pays… Lui était prof de français à la retraite, et je suis bien contente de ne pas avoir travaillé comme lui.
Alors pourquoi je pars ? Encore une petite citation que j’aime assez. Si c’est la Fontaine qui le dit, c’est que ça doit être vrai :
Etre libre, ce n’est pas faire ce qu’on veut. C’est ne pas faire ce que l’on ne veut pas.
Et ça, je ne voulais plus.
« Enseigner, ce n’est pas remplir un vase, c’est allumer un feu »… j’ai toujours adoré cette définition de mon métier. J’espère avoir allumé des feux. Par contre, je crois que je me suis brûlée.
C’est ta vie, et tu as fais tes choix, bon vent dans celle ci, bises