Alors, ça fait quoi ?

J’ai contacté le Cabinet Dante pour la première fois en 2015, juste après avoir entendu parler de Marine Martin et de l’APESAC. Décidée, j’ai commencé à essayer de réunir quelques pièces. Et j’ai baissé les bras, très vite. J’étais convaincue que cela ne servirait à rien. Dossiers trop vieux. C’est surtout le fait d’avoir à récupérer des papiers, tels le rapport d’autopsie de mon gamin qui m’a rebutée. Étais-je prête à réactualiser toute cette souffrance ? Et puis, pour quoi faire ? ¨Pour autant, j’ai continué de m’intéresser au parcours de Marine Martin et de l‘APESAC. Je crois que je n’étais pas prête complètement à admettre que la Dépakine était le coeur, la source de tant de chagrin. Tout s’est réactualisé il y a un an lorsque nous avons compris que Léo, « le petit dernier » était aussi une victime. Que pour lui aussi, la Dépakine avait frappé. Elle avait frappé, certes autrement, mais elle avait frappé. Nous avons parlé tous les deux, et il a fini de me convaincre. Léo, Mélina, Erwan et même le petit Juluan m’ont donné la force de reprendre le « combat ». Parce que, si je ne me sens en aucun cas responsable de tant de douleur, il est évident que je n’ai pas le choix. Je me dois de faire cela pour eux. Je ne sais pas si nous obtiendrons gain de cause, mais j’aurai tout fait pour. Retrouver les papiers, les dossiers ; me faire parfois mal « recevoir »… Cela a pris 10 ans, donc. 10 ans. Mais le colis est parti (quelques kilos tout de même). Et je me sens mieux. J’ai fait ce qu’il fallait. Et si la médecine a pu me décevoir, j’ose espérer qu’il n’en sera pas de même pour la justice.
Si vous qui êtes en train de lire ce témoignage, êtes dans notre situation, si vos bras, votre cœur, votre âme pèsent lourd ; que vous avez l’impression que vous n’y arriverez pas, essayez tout de même. En ce qui me concerne, ce n’a pas été simple. Juluan, mon premier « enfant-dépakine » est né et mort en 1993, Mélina est née en 1995… En ce qui me concerne, je n’ai plus aucun dossier médical de neurologie (disparu au départ à la retraite du neurologue qui me suivait)… Plus aucune ordonnance, plus aucun compte-rendu (les labos ont changé de logiciel). Et pourtant… En contactant les maternités, en réclamant mes dossiers de grossesse, j’ai fini, pour chaque enfant, par retrouver une mention de la Dépakine. Oh, bien sûr, il a fallu relancer, encore et encore, les administrations (la maternité où sont nés mes deux premiers enfants a fermé depuis quelques années) mais j’ai obtenu gain de cause. Si vous avez subi des interventions chirurgicales, n’hésitez pas à contacter les anesthésistes, ils mentionnent les traitements en cours. Même les dentistes…
Bref, je vous souhaite bon courage ! Ne lâchez rien ! En ce qui me concerne, le temps de l’attente va commencer. Le cabinet Dante m’a dit que d’ici un trimestre, on pourrait me dire si oui ou non, il y a matière à… On verra. Mais quoi qu’il en soit, qu’il y ait matière à, ou pas, la balle n’est plus dans mon camp. J’ai fait ce que j’avais à faire. Et ça, c’est essentiel.
Je vous souhaite bon courage, parce que je sais qu’il en faut. C’est tellement compliqué. David contre Goliath en quelque sorte. Nos points faibles peuvent devenir nos atouts.
