le retour de lecture de Denis Brillet

« L’harmonica, le trombone et le parapluie » Christelle Angano, éditions In Octavo.

15 décembre 1994. L’histoire pourrait commencer à cette date, par une froide journée d’hiver au cœur d’Étretat et sous les traits d’un vieil Anglais excentrique, Peter Gordon, échu au bord de la Manche, les images de son passé au fond des yeux. L’histoire pourrait, en effet… mais non.

Elle débute bien plus tôt, une nuit de juin 1944 où le soldat Peter Gordon est parachuté sur la terre de France. Il laisse derrière lui Londres, son amie Ruby avec qui il a grandi à l’orphelinat de Walsall, mais il a sur lui son précieux harmonica. C’est à partir de là que l’histoire de Peter voit véritablement le jour, sous la forme d’un récit qu’il va confier à ses amis à l’hôtel de l’Aiguille où il a ses habitudes depuis cinq décennies. A vrai dire, il s’agit moins d’un récit de guerre que de rencontres, d’amitiés et d’amour. De souvenirs aussi, de regrets, de réflexions sur la nature humaine et les sentiments qui l’animent. Peter entraîne dans son sillage une galerie de personnages, des plus ordinaires (quoique) aux plus singuliers, de Colette à Léo, d’André à Julie-Anne, de François à Emily (et son parapluie), sans oublier Glenn Miller et son trombone. Tiens donc ! Que vient faire l’interprète de Moonlight Serenade dans cette histoire ? Motus, mais sachez qu’il a sa place, toute sa place…

Fondé sur un socle historique, le livre de C. Angano mêle avec bonheur le réel et la fiction, sans pour autant copier le genre roman historique. On sait l’attachement de l’auteure à cette période de l’histoire normande, ne serait-ce que par le biais de son aïeule, Clara Matthews Compton, déportée à Ravensbrück après dénonciation pour avoir secouru des parachutistes anglais (laquelle Clara prête ses traits à Emily dans le présent roman, et sur laquelle C. Angano a écrit « Une lumière dans la nuit », éd. La Rémanence).

« L’harmonica, le trombone et le parapluie » plaira aux adultes et aux adolescents, en ce que le fait historique, traité avec un regard contemporain et truffé d’anecdotes, en rend la lecture aussi plaisante qu’instructive. A lire donc comme un roman, sans négliger la part d’histoire qui s’y trouve.

Denis Brillet

Merci cher Denis. Ces mots, écrits par ta plume me touchent infiniment.

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