Faim de parcours

Ouvrage publié chez In Octavo

Pierre, 92 ans, vit en EHPAD. Toujours alerte, respectable et respecté, il poursuit un but secret : venger sa mère morte de faim à l’hôpital psychiatrique de Clermont-de-l’Oise sous l’occupation allemande.
Dans le même temps, l’équipe du commissaire Berthier se voit confier une enquête sur un meurtre étrange. Aucune trace, une arme datant de la Deuxième Guerre mondiale…
Existerait-il un lien entre ces deux drames ?
Une fois encore, Alain Bron parvient à nous entraîner dans un roman policier bouleversant où se côtoient la tragédie et l’humour. Pour notre plus grand plaisir.

***

 Lorsque j’ai entamé la lecture de ce roman d’Alain Bron, je m’étais mise en situation pour lire un polar, un genre littéraire que j’affectionne particulièrement. Et très vite, j’ai été déstabilisée, emportée par le récit. Je veux dire que je n’étais plus focalisée sur l’enquête, comme cela peut arriver parfois.
Non, j’ai été happée par l’histoire. Je ne connaissais pas le drame de l’hôpital psychiatrique de Clermont-de-l’Oise et je dois dire que ce rendez-vous avec l’Histoire (avec un grand H, comme on dit… H comme hôpital, aussi) m’a perturbée (on le serait à moins), émue, bouleversée, même. Merci à l’auteur de m’avoir fait découvrir ce pan de l’Histoire.                                                                                                     
Que dire des personnages ? Peut-être que j’avais l’impression de les connaître, de les reconnaître. Denise m’a mis les larmes aux yeux, tout comme Pierre et leurs compagnons, les résidents de la maison de retraite. Les lotos, les parties de scrabble, la vie au ralenti, aussi. Je pouvais presque sentir l’odeur de la soupe du soir.

« Si j’avais un conseil à te donner, Roger, ce serait de voir les autres, de les rencontrer, de t’en nourrir. La solitude, Roger, c’est elle qui tue. La mort sociale arrive avant la mort tout court »

Alors un roman policier, oui, si l’on considère qu’il y a des meurtres, une enquête, et des policiers, mais avant tout, (je parle bien sûr de MON ressenti)  ce roman est un regard sur notre société. Le statut des EHPADS, l’accueil des aînés ; ainsi la visite du fils de Pierre, Patrick, pour le moins…intéressée et la clairvoyance de Pierre : « on place les vieux à l’écart, pensa Pierre, parce que l’on n’a pas le pouvoir de mettre la mort à l’écart. Et puis un jour, on réalise que l’on a intérêt à les voir morts. Ça s’appelle l’héritage ».
Clairvoyance ? Humour noir ? Un peu des deux à n’en pas douter. Je vous renvoie à ce propos à la séance chez le banquier… réjouissante. Parce que, oui, ce roman est tout, sauf triste. Il est drôle parfois, tendre souvent. Tellement humain. Poétique, aussi.

En refermant mon livre, j’ai repensé au Poulbot de mes grands-parents, qui aujourd’hui est chez moi. Il est bien là. Un petit poulbot qui pisse sur un mur et qui me faisait rire, petite. Je crois que, maintenant, je le regarderai autrement. Je crois que je vais le protéger…
Alors, merci à toi Alain, dont j’apprécie tant l’écriture, d’avoir créé ces personnages.  Ils vont m’habiter longtemps, je crois. Et tant pis si Pierre est un criminel ! Pour le moment, je les ai quittés avec dans le cœur, un « air de Montand »…  

Faim de parcours a remporté le prix Dora Suarez 2024, catégorie Noir Émotion.

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